La circularisation, un levier de rentabilité encore peu appliqué dans sa globalité

La circularisation, un levier de rentabilité encore peu appliqué dans sa globalité

Cette publication fait partie d’une série d’articles sur l’économie circulaire et ses impacts sur la Supply Chain, telle que nous la connaissons aujourd’hui. Le premier article disponible sur ce lien introduisait le concept de l’économie circulaire et le nouveau business model « Product as a Service » associé.

Les entreprises sont encore frileuses concernant l’adoption des principes de l’économie circulaire. De nombreuses initiatives sont menées concernant le recyclage, mais encore peu sur les autres boucles de l’économie circulaire pour Réduire et Réutiliser les actifs. En plus de répondre à des enjeux de durabilité, l’entreprise circulaire peut pourtant gagner en rentabilité face à ses concurrents.

Quels sont les avantages économiques à la circularisation ? Quelles sont les barrières à l’entrée à la fois stratégiques, financières et sociales ?

L’application des principes de l’économie circulaire dans les entreprises est nécessaire mais ne doit pas être réalisée au détriment de sa rentabilité. Au contraire, les enjeux économiques, sociaux et environnementaux sont complémentaires et permettent de multiples gains pour l’entreprise :

  • Offrir un avantage compétitif en proposant des offres combinées de produits & services (e.g. garanties, réparation et remplacement, traitement des retours) pour plus de valeur ajoutée à leurs clients tout en proposant des biens responsables et durables. En effet, une étude (Wise & Baumgartner, 1999) a montré que les services après-vente et de pièces détachées génèrent jusqu’à trois plus de revenus que l’achat du produit initial. L’idée est de changer de business model au profit du « Product as a Service » :
  • Augmenter la marge des produits éco-conçus tout en gagnant des parts de marché car les consommateurs sont en demande et prêts à payer plus cher pour ce type de produit (jusqu’à 20% de plus selon la Retail Industry Leaders Association) ;
  • Diminuer les coûts produits via la réutilisation de matières premières et de composants, selon McKinsey ces coûts seraient réduits de moitié. Par ailleurs, la remise à neuf serait deux fois plus rentable que la production (Steinhilper, 2006) ;
  • Atteindre des objectifs environnementaux et sociaux, permettant notamment d’alléger certaines taxes, d’avoir un meilleur classement au sein des organismes de notation non-financière et d’avoir une meilleure image auprès des clients et des employés ;
  • Réduire les risques de la Supply Chain en s’affranchissant de la volatilité des prix des matières premières et de la dépendance en ressources rares ;
  • Créer des relations longs termes avec les partenaires: fabricants, distributeurs, transporteurs, sous-traitants, entreprise de tri et de recyclage, plateformes d’échange et de revente, et les clients.

 

Malgré ces avantages, très peu d’entreprises ont pour le moment mis en place une Supply Chain 100% circulaire. En effet, de nombreux challenges sont encore à surmonter :

  • La définition d’une stratégie globale pour aligner l’offre de produits et de services à réaliser en amont de l’adaptation des Supply Chains de l’entreprise ;
  • Les forts investissements nécessaires à l’entrée pour adapter sa Supply Chain et augmenter son fonds de roulement (pour compenser la baisse des revenus de vente à court terme par des revenus de location à long terme dû au nouveau business model « Product as a Service ») ;
  • L’acceptation des clients finaux au nouveau business model « product as a service » dans un monde où la propriété est associée au statut social ;
  • La dépendance aux distributeurs et fournisseurs, chaque acteur de la chaine de valeur étant impliqué dans la Supply Chain circulaire ;
  • Le développement de nouveaux indicateurs pour mesurer la performance de la Supply Chain circulaire et l’instauration de standards. De nombreuses études ont été menées et certains indicateurs ont déjà été proposés (e.g. proportion de matières recyclées et à risque dans le produit fini, émissions polluantes, intensité d’utilisation et durée de vie du produit fini, proportion d’énergies renouvelables et de déchets recyclés, chiffre d’affaire sur les produits circulaires). Il existe également des méthodes de mesure de la performance environnementale comme : l’Analyse du Cycle de Vie ou le Compte de Résultat Environnemental convertissant les impacts environnementaux en valeur monétaire.

Par conséquent, l’économie circulaire passe avant tout par une Supply Chain collaborative et une stratégie globale alliant circularité et rentabilité. Cette stratégie est indispensable pour savoir quels leviers de circularisation appliquer et dans quel ordre tout en tenant compte des spécificités de son secteur et de son offre de produits et services. Un prochain article décrira justement ces leviers de circularisation.

 

Sources :

 

Les indicateurs de l’économie circulaire pour les entreprises, Insitut National de l’Economie Circulaire, Entreprises Pour l’Environnement (EPE), Octobre 2018

The regenerative supply chain: a framework for developing circular economy indicators, Mickey Howard, Joe Miemczyk, Peter Hopkinson, Septembre 2018

Clean Technologies, Circular Supply Chains, Business Innovation Observatory, European Commission, September 2014

http://theconversation.com/les-entreprises-a-lheure-de-la-logistique-durable-88187

https://www.mckinsey.com/business-functions/sustainability/our-insights/manufacturing-resource-productivity

https://www.kering.com/fr/developpement-durable/ep-l/

https://www.accenture.com/nl-en/_acnmedia/pdf-49/accenture-full-circle-pov.pdf

https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-economie-circulaire-10-questions.pdf

https://www.forbes.com/sites/gregpetro/2019/02/08/upcycling-your-way-to-sustainability/

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