Drones à usage professionnel : gadgets ou révolution ?

Drones à usage professionnel : gadgets ou révolution ?


Comment les drones sont-ils utilisés dans la sphère professionnelle, en particulier sur les chaînes logistiques ? Que faut-il en attendre ? Comment distinguer le fantasme de la réalité ?

 

Le marché du drone est en plein boom. Après le secteur militaire dont il est issu, il investit désormais massivement la sphère grand public. Selon une étude de l’institut GFK, les ventes de drones à usage civil en France ont été multipliées par trois entre 2014 et 2015. Plus de 286 000 appareils ont ainsi été vendus en 2015, pour une valeur totale de 38 millions d’euros. Une croissance qui devrait encore augmenter de plus de 30% en 2016. Le leader français Parrot a, à lui-seul, vendu près d’un million de drones dans le monde en 2015, soit une croissance de plus de 120% de son chiffre d’affaires.

Mais au-delà des utilisations dans le domaine des loisirs (photo, vidéo, etc.), le drone civil est-il promis à un avenir radieux dans le monde professionnel ?

De l’audiovisuel à l’agriculture, en passant par l’humanitaire

Si les médias sont encore les principaux utilisateurs de drones à usage professionnel (70 % du marché est composé de prestations artistiques ou audiovisuelles), d’autres secteurs commencent à s’y intéresser de près.

La SNCF utilise par exemple des drones de surveillance pour lutter contre le vol de câbles en cuivre sur les voies ferrées. L’usage des drones se développe également auprès de certains exploitants agricoles pour cartographier leurs terrains (agriculture de précision). Le secteur immobilier l’envisage pour la réalisation de diagnostic énergétique à grande échelle, grâce à des drones équipés de caméras thermiques. De plus en plus de projets émergent également dans le secteur humanitaire et sanitaire : transports de médicaments et de matériel médical d’urgence, prises de vue d’une zone sinistrée, aide aux opérations de secours… C’est par exemple ce drone qui a survolé la ligne de fracture du tremblement de terre ayant récemment frappé le Japon, afin d’évaluer les dégâts et les moyens d’accès.

L’utilisation des drones dans le monde professionnel se démocratise donc petit à petit. Mais c’est un marché qui reste toutefois à développer, en particulier dans le secteur industriel et la supply chain.

Supply Chain : buzz, fantasme et réalité

Ce n’est pourtant pas faute d’y avoir fait une entrée fracassante ! Avec Amazon, qui a annoncé la livraison de colis par drones totalement autonomes – suivi de près par les géants Walmart et DHL. Un joli buzz, qui aura eu le mérite de mettre les marques en lumière, mais qui a vite été confronté à la (dure) réalité des choses : limite de volume et de poids transportables, limite d’autonomie, limite réglementaire, en particulier en matière de circulation dans l’espace aérien…

Plus que dans le transport BtoC, c’est dans la surveillance des sites et la gestion des entrepôts que les drones semblent avoir de l’avenir en matière de supply chain. Les Yard Management System (YMS), systèmes de gestion des dépôts, des quais, des parcs et des parkings, qui aident à la synchronisation des différents flux physiques de la chaîne logistique, constituent en particulier un terrain d’application intéressant. Les drones peuvent en effet permettre de gagner en efficacité dans la surveillance des installations, ou encore dans la gestion d’inventaire. En équipant les produits de marqueurs RFID, OCR ou de codes-barres, on peut tout à fait imaginer utiliser un drone pour balayer l’entrepôt et répertorier l’ensemble des produits stockés. C’est par exemple ce que propose la société PINC.

Cela permet de gagner, d’une part en rapidité et en fiabilité, dès lors que les opérations ne sont pas soumises au risque d’erreur humaine ; d’autre part en efficacité et en productivité, en donnant l’opportunité aux entreprises d’allouer les ressources rendues disponibles sur des tâches plus stratégiques, générant potentiellement plus de valeur ajoutée pour l’organisation.

Au delà de sa dimension quelque peu spectaculaire, l’utilisation des drones peut donc constituer un véritable facteur de fiabilité et de sécurité, dès lors que les appareils seront dotés de suffisamment d’intelligence et que les organisations seront suffisamment préparées en termes de process et de management. Pourquoi ne pas, par exemple, imaginer équiper les grands hôpitaux de drones autonomes pour le transport interne de médicaments, d’échantillons, de résultats d’analyses, voire d’organes ?

Freins et opportunités : les drones vont-ils envahir l’espace aérien ?

L’utilisation de drones sur une chaîne logistique ne se limite toutefois pas à l’acquisition des appareils : elle nécessite certes de faire des investissements matériels, mais aussi de déployer de nouveaux process, de mettre en place des infrastructures et des systèmes pour analyser et restituer les informations véhiculées par le drone. Sans compter le pilotage des appareils et l’interprétation des données, qui vont nécessiter de former du personnel ou d’en embaucher.

Reste également la question réglementaire. Les instances de régulation française, européenne et américaine ont en effet du mal à s’accorder sur des directives communes en matière de drones, d’usages et d’occupation de l’espace aérien, notamment. Une problématique toutefois plus limitée dans le cadre de la supply chain, les espaces étant a priori privés et clos, donc moins contraints par la législation.

Le marché des drones n’en est cependant qu’à ses prémices, et il y a fort à parier que les progrès technologiques vont continuer à accroître les capacités (d’autonomie, de stabilité, etc.) et l’intelligence (de capture et d’analyse de données, de déplacement, etc.) des drones. Soit autant de potentiels d’exploitation professionnelle, qui laissent présager de profonds changements dans la gestion traditionnelle des flux d’informations et de matières.

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Eric Boudart

Eric Boudart

Consultant en projets de transformation chez aXoma Consultants
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